Belgique : interdiction de la publicité pour les jeux de hasard, un projet de loi à géométrie variable

La publicité pour les jeux d’argent devrait bientôt être interdite en Belgique, sauf lorsque c’est l’État qui perçoit les gains. En effet, le concept d’addiction aux jeux ne semble pas universel : tandis que les opérateurs privés devraient se soumettre à la loi, la Loterie nationale belge sera elle dispensée de le faire. L’expression « deux poids, deux mesures » prend tout son sens !

Interdiction de la publicité pour les jeux de hasard : la CJH donne son point de vue

Récemment conviée à la matinale de Bel RTL, la présidente de la Commission des Jeux de Hasard (CJH), Magali Clavie, a commenté le projet de loi du Ministre de la Justice, lequel souhaite interdire la publicité pour les jeux de hasard.

En effet, au micro d’Antonio Solimando, la présidente de la CJH a déclaré qu’il ne fallait pas banaliser les jeux d’argent car ces derniers ne seraient pas des loisirs comme les autres : « […] Ces jeux-là ne sont pas sans danger. Il est nécessaire de prendre des mesures pour éviter que le jeu problématique voire pathologique prenne le pas sur l’aspect récréatif ». Selon Magali Clavie, l’interdiction de la publicité est donc une bonne chose, à condition que celle-ci ne soit pas totale, et donc bien délimitée.

« Nous désirons que le joueur reste dans le circuit légal des jeux. Si ce même circuit ne peut plus être promu, il existe des risques que le joueur le délaisse pour se tourner vers des offres illégales. Malheureusement, les opérateurs illégaux sont pour nous hors de portée, nous ne pouvons pas les contrôler alors qu’ils sont de plus en plus nombreux sur Internet », alerte Magali Clavie.

la Loterie nationale épargnée pour des raisons politiques et financières ?

Lors de l’interview, l’animateur Antonio Solimando a posé une question pertinente : « Quand c’est l’État qui perçoit les gains, il n’y a pas d’addiction et de joueurs à problèmes ? ». En effet, très étrangement, la Loterie nationale n’est pas concernée par la future interdiction… Et si elle pourrait bien l’être plus tard dans l’avenir, ce sujet n’a pour le moment rien de concret.

À cette question, la présidente de la CJH a répondu : « La question n’est pas tant de savoir si c’est l’État ou une autre organisation qui organise le jeu. La question est de savoir quel est le jeu, et si celui-ci peut être ou non pathologique. Certains jeux sont moins dangereux que d’autres, bien que cela ne soit pas forcément le cas de tous les produits de la Loterie nationale. Par exemple, il y a une croyance selon laquelle les jeux de loterie ne seraient pas addictifs. Quand vous jouez au Loto, il y a un laps de temps important qui s’écoule entre deux tirages. Cela n’est pas du tout le cas des jeux de grattage, dont les résultats sont instantanés ».

Sur la scène politique, le projet de loi portant sur l’interdiction de la publicité pour les jeux de hasard a accueilli des avis très contrastés. Si le membre de l’Open VLD Vincent Van Quickenborne a confirmé l’accord de son parti avec le gouvernement et fait part d’une « victoire dans la lutte contre la dépendance au jeu », Georges-Louis Bouchez, porte parole du Mouvement Réformateur, a crié au scandale et a affirmé que son parti ne votera pas le texte de loi : « C’est quoi la prochaine étape ? Que les clubs sportifs ne puissent plus être sponsorisés que par des fabricants de quinoa ou de vélos électriques ? ».

Dernière édition: 01/03/2023

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