Les défilements Facebook et Instagram cachent parfois des pièges plus pernicieux qu’une simple arnaque aux gains faciles. Dernière victime en date : Jean-Claude Van Damme. Depuis quelques jours, l’acteur belge apparaît dans des publicités vantant Olympus Reborn, un pseudo-casino en ligne non autorisé par la Commission des Jeux de Hasard (CJH). Le montage, mêlant extrait d’interview et sous-titres inventés, insinue que la star déconseille un site concurrent avant de recommander, sourire aux lèvres, cette nouvelle plateforme promettant un bonus « personnalisé ». Le problème, c’est que Van Damme n’a jamais tourné ce spot…
Belgique : une dérive marketing qui contourne l’interdiction publicitaire
En Belgique comme dans la plupart des pays européens, la promotion des casinos illégaux est proscrite et l’usage d’images sans autorisation viole le droit à la personnalité. Pour dissimuler la manœuvre, les diffuseurs s’appuient sur le marketing d’affiliation : des intermédiaires anonymes paient la publicité, collectent des commissions pour chaque joueur converti, et disparaissent dès qu’une page est signalée. Leur technique repose sur des vidéos générées par intelligence artificielle ou découpées dans de vieux spots officiels.
Jean-Claude Van Damme avait effectivement prêté son image à 777.be il y a quelques années, une collaboration déclarée et approuvée par les autorités. Les pirates ont simplement recyclé ce capital sympathie en le détournant vers leur site offshore. Le phénomène inquiète les régulateurs : la CJH recense ainsi une explosion des signalements liés aux « deep-fakes » depuis 2023. Les plateformes assurent disposer d’outils de détection, mais la suppression intervient souvent après plusieurs jours de diffusion, laissant le temps aux escrocs de toucher des milliers d’internautes.
L’adhésion est d’autant plus forte que le montage suggère un discours de prévention : « Ne jouez pas au Plinko, vous perdrez tout », lâche le faux Van Damme, avant de rediriger l’audience vers l’application pirate, présentée comme la seule « officielle » en Belgique.
Un impact réel sur les victimes, une riposte judiciaire à la traîne…
Pour la star, l’enjeu dépasse la simple image écornée : être associé à un opérateur illégal peut faire croire à un soutien tacite, alors que l’acteur défend publiquement un usage responsable du jeu. Son entourage juridique envisage des poursuites pour usurpation d’identité, mais la procédure se heurte aux sociétés-écrans basées à Curaçao ou à Chypre, souvent introuvables une fois la campagne stoppée. Les joueurs, eux, paient le prix fort : confiants dans le visage familier de l’acteur aux gros biceps, ils s’inscrivent, déposent de l’argent puis découvrent l’absence de licence, de service client et de garantie de retrait.
La multiplication de ces fraudes nourrit un appel à l’action. Les associations belges de lutte contre l’addiction réclament une obligation pour les réseaux sociaux de filtrer en amont toute publicité liée aux jeux d’argent, avec certification d’image et de licence avant diffusion. Le gouvernement étudie un amendement à l’arrêté royal de 2018 afin d’instaurer des amendes immédiates aux annonceurs et aux plateformes complices. En attendant, Van Damme rejoint une liste de célébrités – Kevin De Bruyne, Mr Beast, des présentateurs de la BBC, etc. –, dont la notoriété sert de cheval de Troie aux casinos en ligne clandestins…
Dernière édition: 12/06/2025
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